lundi 20 janvier 2014

Week 13 / La vie à Mysore - Karnataka (3)

Aujourd'hui c'est dimanche 12 janvier ! Jour du seigneur mais aussi jour du yogi dans mon école. Le meilleur endroit pour se baigner et se dorer au soleil est au bord de la piscine du Regalis hotel. On recharge nos batteries toute l'après midi après avoir accompli nos petites corvées matinales ... 



Encore une semaine bien remplie, du lundi au samedi, à la hauteur de mon ambitieux programme. Cette semaine, le réveil a sonné chaque jour à 5h du matin, et... j'ai invariablement mis une demi heure à me lever pour être à l'heure à la pratique de yoga de 6h à 8h. Comme ça a été difficile pour moi! Au saut du lit, mon corps est tout sauf souple et échauffé. Rien à voir avec la séance de 16h30 à laquelle j'allais jusqu'alors. Mes articulations surtout celles des jambes ont été douloureuses chaque jour. Une vraie démarche de robot. On entendait presque les grincements de la carcasse. Mais chaque jour apporte ses enseignements, des zones de progrès comme la révélation de limites ou de tensions ignorées jusqu'alors. Patience... J'ai la chance d'avoir un excellent professeur à l'oeil duquel rien n'échappe, même à l'autre bout de la salle, quand on croit qu'il ne va rien voir et qu'on va pouvoir discrètement quitter une posture inconfortable. La plupart des élèves voudraient plus d'attention de sa part, alors que moi j'espère qu'il sera occupé quand j'arriverai au moment de pratiquer une posture pénible. Ca ne manque pas, c'est à cet instant qu'il intervient pour me pousser plus loin dans la posture que ce que ma tête avait décidé. D'un geste délicat, il rectifie les mauvaises postures, appuie aux endroits où il perçoit des espaces, et la respiration fait son travail: les asanas suivantes sont plus faciles et le corps enregistre pour les fois suivantes. 

A 8h, j'enchaîne avec le cours de Bharatanatyam, la danse indienne du sud. Loin du Bollywood, c'est une danse sacrée qui - par la combinaison des pas, des gestes des bras et des mains (les mudras), des yeux, de la tête et des sourcils - constitue un langage complet et poëtique qui me touche infiniment. Un pur bonheur que de danser chaque matin avec Shetana, mon professeur, si experte dans son art et si prompte à rire elle aussi. C'est notre deuxième semaine, on commence à danser et chanter de petites chorégraphies à la dévotion des divinités hindoues Ganesha, Sarasvati et Lakshmi. La douleur à l'avant des cuisses, c'est la danse juste après la yoga, qui a mis plus de 3 jours à s'estomper. Mais je suis trop motivée pour me laisser arrêter par des courbatures. Les élèves de Shetana reviennent en général chaque année continuer la pratique. Il y a des chances pour que ça m'arrive... 

Cette semaine, on a ajouté un cours de chant et de musique classique à 9h, juste après la danse. Extatique pour moi qui aime tant chanter. Je constate que ma voix s'est éclaircie grâce aux exercices de respiration quotidiens. Shetana m'a traduit les paroles qui prennent tout leur sens et m'emportent vers des sommets de délices, surtout quand on chante ensemble, nos deux voix de mezzo sopranos à l'unisson. 

Même si j'ai décidé que mon temps à Mysore serait limité, je ne vois pas de raison de me priver de commencer de nouvelles pratiques en plus du yoga ashtanga et du Pranayama que je compte déjà pratiquer dans la durée.

On arrive cette semaine à la fin de mon initiation au Pranayama. Notre professeur de 87 ans continue de nous charmer et de nous convaincre de la nécessité de pratiquer quotidiennement nos inspirations, rétentions et expirations, pour mieux contrôler le mental et aussi nos passions. Puisque je suis une femme (sic), il ajoute que la pratique du Bastrika Pranayama permet d'éviter les rides et assure une longévité record. Ce n'est pas tombé dans l'oreille dune sourde, j'espère bien vivre longtemps et avoir l'énergie qu'il déploie pour assurer ses diverses activités d'enseignement du yoga, du Pranayama et de la philosophie védique! Et puis c'est vrai qu'il n'a presque pas de rides! Je suis un peu déçue qu'on s'arrête là, mais la fin de mon initiation marque aussi le début d'une période excitante de pratique et d'expérimentation personnelles d'au moins 6 mois avant de pouvoir revenir le trouver pour la suite des enseignements. Et puis aussi, le créneau de 12h30 à 13h30 n'était pas idéal, je vais pouvoir prévoir de somptueux déjeuners au lieu de repas légers! J'en salive à l'avance...

Grâce à Shetana, j'ai assisté à plusieurs spectacles de danse et une représentation théâtrale. La pièce est subventionnée par l'Etat pour promouvoir l'accès à la culture et chose étrange, les dialogues sont enregistrés. Au début, les acteurs sont mauvais au play-back. Ils ont l'air de se demander ce qu'ils font là et les mouvements de leurs lèvres ne collent pas avec la bande son ou alors ils sont décalés. Puis au fil de la représentation, ils s'améliorent et se prennent au jeu. On les applaudit autant que possible pour les encourager. La pièce a pour thème la vie de Kannada, un sage issu des couches les plus pauvres de l'Inde du sud et que les prêtres (brahmins) attaquent car il enseigne les vérités sacrées aux déshérités. Krishna vient personnellement à l'aide de Kannada et tout est bien qui finit bien. Le tout se passe à Udupi, où je suis allée il y a quelques semaines visiter le temple de Krishna où se déroule l'action de cette pièce. Le même soir, quelques dizaines de petites filles ont attendu des heures sagement assises avant que leur tour vienne de danser une pièce évoquant un village envahi par des souris qu'un magicien-musicien accepte de pourchasser moyennant rétribution. Les enfants se sont beaucoup amusés et le public aussi. 

Théâtre.







Spectacle dansé et chanté.





Danse au Subramanya Temple. Inspirant.










Cette semaine, je devais avoir une aura très sexy et paraître très jeune aussi. J'ai découvert la drague pourrie des moins de 25 ans. Un jeune homme (ou un lycéen) vous aborde dans la rue pour vous dire bonjour, vous demander votre nom, le pays d'où vous venez, puis il passe aux choses sérieuses. Votre pays lui plaît beaucoup, puis vous lui plaisez beaucoup. Et là, on passe aux propositions indécentes. Le tout en 2 minutes. Incroyable mais vrai! Parfois, c'est directement la proposition d'une relation sexuelle (voir une supplication). La misère sexuelle n'a pas de frontières. 

Cette semaine, mon amie An du Vietnam est partie. Elle m'a laissé son joli chapeau pointu en souvenir, avec mon nom écrit à l'intérieur. Elle m'a aussi enregistrée en cachette pendant mon cours de chant. Elle a donné pour moi des brocolis et autres légumes au cuisinier du shala pour améliorer mes noodles aux légumes.  Elle m'a aussi choisie comme cobaye pour sa certification de massage ayurvédique, le jour où j'en avais le plus besoin. Pure délicatesse. J'irai la voir à Hochiminh City quand j'irai au Vietnam car elle me manque déjà. 


Ma famille indienne me plaît de plus en plus. Ils font ce qu'ils peuvent pour que je me sente chez moi. Les enfants viennent souvent me voir. On mange des oreos et on joue aux cartes. Les parents sont très ouverts. Ils apprécient et pratiquent le yoga, le pranayama mais aussi le dessin et la couture. Nous avons beaucoup de centres d'intérêts communs à discuter. 

Quelle sera ma prochaine destination après Mysore? La question est vite oubliée avec mon quotidien intense. Next week. Again.

Pub marrante.


Ici on danse.


Je vois des étoiles filantes.


Beaucoup d'astrologues ici...qui en fait lisent les lignes de la main.


Yogashala.


Week 12/ Living in Mysore - Karnataka (2)


This week (starting on 30 December), I felt I was beginning to catch the rythm in my new life.

As Yoga and Pranayama were going well, I decided to begin Bharatanatyam dance and Hindi lessons. I love to acquire new skills and I feel my mind and body are ready for that. My dance teacher Shetana is just a lovely and spiritual woman who is passionate about her work. She says she is rarely stressed because she lives in the present most of the time. I should do the same, she looks very happy. The first lessons are scheduled at 10am in the same room as Pranayama. I feel like we are infusing a pure and good energy there before my Pranayama class. My legs and arms were so painful that I needed two massages a week for the first two weeks. Then it got better and since then , I went to ayurvedic massage only once a week, on saturday evening just before day-off (to enjoy it better!).

For Hindi classes, Shantala is the perfect teacher. She works in the yogashala where I already observed her quick mind and sense of observation. I need someone who can teach me how to pronounce correcty the letters and help me learn quickly the alphabet and begin to decipher and learn vocabulary. I am slow but Hindi seems easy compared to Arabic or French. 

Despite my attention, I got hit by a cow again. The black one. This time, she used the horns to push me out of her way. My thigh was blue and painful for a week. At once, I thought she attacked me for food but after discussing with other people, I discovered that the same cow had troubled past and was probably a bit temperamental because she amounted several other victims. I never thought I would get afraid of cows... Dogs here are really nice and funny. Sophie made friend with one named Kunta who runs in front of you and then throws herself at your feet for caresses and massages. I have a couple of dogs who often play bodyguards with me. I call them "la belle et le clochard" as per Disney's film.

I went to see the ayurvedic doctor for a skin problem and I was not surprised to see I had lost 3kg since beginning of yoga practice. This is way too much for me so I decide to implement Weight Control Program (or How to Get Fat in a Short Time): eat more, nuts, spirulina, sugar and fat. It is not so easy because I have to avoid eating 2 hours before yoga or pranayama.

Sophie is back on Friday so I have to find a new room. Desperatly. Every place around seems to be booked or the few available places are so gloomy... After roaming around for 2 days, I finally find a room in a yogashala on main road, 5mn from my school. The family who runs the place and lives downstairs is very welcoming and the room is big and bright, with a litttle living room attached. No hot water or kitchen but I can have access to their kitchen and they will provide me with buckets of hot water twice a day. It might be a bit noisy but I want to give it a try.

I am very happy when Sunday comes and I can rest a bit.

NYE. Illuminated Maharadja Palace.


Pooja man.


Food.

Set Dosa.


Tomatobath.


Vegan meal.


Simon and me at Janaki Shop.



Streets of Mysore.

Kunta again. She's too cute.


Street seller. 





Week 11 / La vie à Mysore - Karnataka (1)


1ère semaine à Mysore, sous le double signe du plaisir de la découverte et de l'agitation de l'installation. 

Après mon 1er cours de yoga samedi à mon arrivée, c'est premier cours de pranayama lundi 23 décembre. On me dit que mon professeur est un peu à cheval sur les formes et effectivement, il me demande de sortir de la salle où je me suis installée sans vergogne. Je dois attendre dans la salle d'attente et c'est lui qui doit m'inviter à entrer dans la salle après que je lui aie été présentée par son secrétariat. Ca m'amuse mais je me demande quand même si ce côté old school va durer tout le mois de l'initiation au Pranayama, qui est la science de l'inspiration, suivie de la rétention, puis de l'expiration, sous différentes formes et comptes, le tout en vue d'atteindre la Réalisation, ou du moins contrôler le mental et avoir une bonne santé générale. Mais ça ne dure pas. Je suis la seule débutante cette semaine là et j'ai la chance d'avoir le Maître rien que pour moi ou presque (car les avancées se débrouillent seules après quelques minutes d'instruction). On parle beaucoup de philosophie et on prend le temps de s'accorder sur les concepts de base. Au début je comprend un mot sur deux seulement à cause de son accent, mais avec un peu d'attention de ma part, le problème est réglé. Deux jours pour comprendre "subtle body". Je tombe sous le charme d'un monsieur de 87 ans. Un personnage charismatique et théatral, prompt à s'emporter mais ses colères sont fugaces et vite remplacées par un large sourire et des yeux pétillants d'humour. Aussi, je m'amuse tout en apprenant! Il a décidé qu'en tant que juriste, j'étais une scientifique. Aussi, il axe ses démonstrations sur le terrain de la science et de la logique. Il a le don des métaphores inattendues. Bref, impossible de s'ennuyer et j'attends la séance quotidienne avec impatience.

Mon amie Sophie, rencontrée le jour de mon arrivée, s'en va pour une dizaine de jours et je peux occuper sa chambre pendant ce temps. Je déménage donc de ma cellule sombre vers une chambre lumineuse peinte en rose bonbon et mauve, au 1er étage d'une maison propre avec eau chaude et cuisine. Un luxe. Les propriétaires sont souriants et amicaux, surtout madame Lakshmi, qui m'appelle quand le marchand de fruits passe pour acheter mes papayes et ananas, et qui m'enseigne comment appeler ses vaches (elle en nourrit 12) et surtout de ne pas jeter les épluchures des fruits et légumes pour les offrir chaque matin à ses vaches. Les autres locataires sont aussi sympatiques: un écuadorien musicien et frugivore, et bientôt une tchèque pleine de verve et d'humour. 

Un problème? Quel problème?



Sophie et Kunta


Les vaches de Madame Lakshmi.



Notre cybercafe et Kunta.


Ellégante jusqu'au bout des pattes.


Je rencontre un couple d'espagnols - Carla et Rafa - d'une grande gentillesse avec lesquels je deviens très vite amie. Ils sont adeptes du vipassana, cette forme de retraite spirituelle et de méditation qui impose le voeu de silence pendant toute sa durée. C'est intéressant de partager avec des pratiquants et d'observer les mythes et erreurs de jugement dans ma tête à cet égard. Comme j'ai l'impression que mon corps est devenu un bout de bois tellement je suis courbatue, ils me présentent le meilleur masseur ayurvédique du quartier, qui fait des miracles et dont je deviens vite accro- du moins les premières semaines. Je fais aussi la connaissance de Sina, qui fabrique artisanalement du houmouss, du pain de millet, ainsi que des beurres de cacahuètes ou d'amandes appétissants. 

Avec Carla et Rafa, on visite Chamundi Hill, un mont coiffé d'un temple à la gloire de Sri Chamundeswari. C'est dimanche.  Le temple est bondé, la route aussi. Après la traversée du marché local, on se mêle à la foule pour aller nous aussi présenter nos hommages à la divinité locale. Puis on se perd dans les rues avoisinantes où habite la population locale. Au retour, le rickshaw nous arrête devant la statue de Nandi, le taureau du Dieu Shiva, pour la photographie de rigueur.











Avec Letitia, on déambule dans le Devaraja Market, si coloré et animé, avant d'aller visiter le Maharadja Palace, que la famille régnante (les Wodeyar, dont le dernier roi est mort quelques semaines auparavant) a longtemps occupé. Malgré la foule, on retrouve sans difficultés nos chaussures à la sortie du palace qui se visite pieds nus et sans appareil photo.







Sur Devaraja Road, je trouve un photographe qui m'imprime quelques photos à donner aux enfants qui me l'ont demandé. Un heure est vite passée à discuter photographie avec ce professionnel passionné. Les enfants sont si heureux et fiers quand je leur tend les photos. Ils vivent dans la rue sous une tente mais ils gardent le sourire et la joie de vivre.

Cette semaine, j'ai été attaquée deux fois par les vaches. Elles dévient parfois brusquement de leur trajectoire pour aller vous pousser d'un coup de corne. J'ai appris à me méfier. J'ai aussi été mordue par les fourmis rouges dans la rue. Ca vous brûle intensément et la seule solution est de plonger l'endroit mordu dans l'eau fraîche. Il paraît que toute la rue m'a entendue crier jusqu'à ce qu'on me donne un seau d'eau où j'ai sauté à pieds joints et où je suis restée debout pendant au moins dix minutes. Maintenant, je fais attention quand je discute les pieds dans l'herbe. 

Mysore.

Le ciel a disparu.


Soucoupes volantes bis.



Je suis perdue!


Un avocatier c'est bien un immeuble plein d'avocats?


Les bibelots kitsch de ma 1ère chambre.





Kumar écrit une facture.


Leticia.


Beaucoup plus de panneaux réfléchissants sur cet arbre que sur les autres. Ca donne à réfléchir. Effectivement la nuit on ne les voit pas toujours, surtout quand ils sont mal plantés et qu'on est aveuglés par des plein phares. J'ai failli m'en prendre plus d'un.